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La connexion internet dans les transports en France : où en sommes-nous ?

Alors que l’accès au haut débit fixe en France progresse chaque année et que les zones blanches sont progressivement résorbées, la question de la connexion internet dans les transports devient de plus en plus pressante. Si de nombreuses initiatives sont en cours, quel est aujourd’hui l’état d’avancement des différents chantiers ?

Un développement coûteux pour les TGV

Depuis quelques années, la SNCF teste le marché et expérimente différents moyens de connecter ses trains. En 2010, la ligne TVG Est a ainsi été équipée du wifi pour vérifier la faisabilité et l’appétence des clients pour un tel service. De même, depuis 2008, les trains Thalys font bénéficier à leurs passagers d’une connexion de plus en plus performante : le système wifi vient ainsi d’être changé en mai 2016 pour offrir une connexion plus rapide et de meilleure qualité.

Néanmoins, malgré l’annonce de Guillaume Pépy en 2015 sur BFM TV affirmant que le train connecté « c’est pour fin 2016 », les trains français ne sont toujours pas équipés.

Dans une interview sur BFM TV, Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyageurs, prévoit l’arrivée du WiFi dans les TGV pour fin 2017. La ligne Paris-Lyon devrait ainsi être la première équipée d’ici fin 2016. Après plusieurs tests, notamment par connexion satellite, les TGV seront appareillés de boitiers diffusant le wifi à l’intérieur du train à partir de la connexion 3G/4G. Ce système dépend cependant de la couverture réseau des opérateurs téléphoniques et de leur capacité à déployer et renforcer les antennes le long des lignes. La SNCF justifie son retard par la complexité technologique du système et surtout par le coût d’équipement des trains : 350 000 € par rame, avec 450 rames dans le parc SNCF. Le modèle économique reste donc à trouver.

Pour ce qui est des trains du quotidien, Yves Tyrode, Chief Digital Officer du groupe SNCF, affirmait en février 2016 que 90 % de voyageurs devraient bénéficier d’une couverture 3G/4G d’ici à fin 2020. La technique adoptée serait plus simple que pour les TGV : pas de boitier wifi nécessaire, la vitesse moins importante permettant aux usagers de se connecter en 3G/4G grâce à leur smartphone et autres appareils. L’enjeu réside donc dans la couverture par les réseaux de l’ensemble des lignes TER, Transilien et Intercité : un diagnostic a été mené en 2015 par la SNCF et l’ARCEP montrant qu’un tiers du réseau bénéficie d’une couverture de bonne qualité. La SNCF travaille ainsi avec les opérateurs télécoms pour couvrir les zones prioritaires et prévoit de leur louer un accès aux antennes de communication internes (dans les tunnels et autres espaces restreints) afin qu’ils puissent y ajouter des fréquences 3G/4G.

Métro : une couverture 3G-4G sous terre

Dans le métro parisien, bien que certaines stations bénéficient désormais de « points connect » (Wifi + connexion USB) et que onze gares aient été équipées de zones wifi, la couverture 3G/4G reste très limitée : neuf stations souterraines sont actuellement couvertes, principalement sur la ligne 1 et le RER A. Néanmoins, la RATP annonce qu’à fin 2016, la plupart des stations de la ligne 1 seront équipées, ainsi que les RER A et B et 20 stations grandes ou majeures sur d’autres lignes. L’ensemble du réseau devrait ensuite être couvert en 2017.

L’installation de la 3G/4G dans le métro est complexe : les opérateurs se heurtent au manque d’espace pour fixer les antennes dans les tunnels. La RATP dépend donc des opérateurs et de leur capacité à coopérer pour monter des antennes communes et les équiper d’une fréquence par opérateur. A ces difficultés s’ajoute le fait que les travaux ne peuvent être réalisés que la nuit et que 20 nuits de travaux sont nécessaires pour équiper une seule station. En tout, 3000 antennes et 300 km de câbles devront être déployés pour équiper le réseau.

Les premières initiatives dans l’aérien

La connexion à internet dans les avions fait l’objet d’une réelle demande, mais reste une prouesse technologique. Peu de compagnies proposent actuellement le wifi à bord. On compte notamment Turkish Airlines, Qantas, Norwegian, et la plupart des compagnies américaines et du Golfe.

Après trois ans d’expérimentation, Air France a annoncé en janvier le déploiement du wifi sur sa flotte long-courrier à l’horizon 2020. Quant à la flotte moyen et court-courrier, la compagnie française a lancé un pilote en janvier pour tester l’appétence des clients pour ce service à bord sur deux avions A320.

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Les avions seront ainsi connectés grâce à une antenne fixée sur l’appareil, qui sera en mesure de capter les signaux des antennes au sol ou de satellites selon l’altitude de vol. À l’intérieur, six bornes diffuseront le wifi, et un serveur sera installé pour stocker les vidéos. La connexion par satellite rend certains usages impossibles, par exemple les jeux, car le temps de réponse de la connexion est élevé. Néanmoins les usages classiques seront assurés (mail, browser, etc) ainsi que le visionnage de vidéos (films, séries, TV).

Le test sur les deux A320 de la flotte moyen et court-courrier ne devait durer que trois mois, mais à ce jour aucune déclaration n’a été faite quant à ses résultats ou une éventuelle suite.

Les bus : pionniers du WiFi à bord

Les compagnies d’autocars fournissent de plus en plus souvent l’accès au Wifi à bord, à l’exemple des compagnies Ouibus, Isilines, ou encore Le Bus Direct (anciennement Les Cars Air France). Bien que la demande soit moins importante pour le réseau urbain, des initiatives sont en cours, par exemple, sur la ligne reliant Paris à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle.

Le Roissybus a ainsi fait l’objet d’un pilote depuis 2014 : ce test devait durer 6 mois, en collaboration avec l’opérateur Orange, mais semble se prolonger encore aujourd’hui. La technique utilisée est la même que pour le TGV : un boitier diffuse le wifi à partir du réseau 3G/4G. L’enjeu est donc similaire à celui des trains : le système dépend de la couverture 3G/4G des opérateurs.

Du WiFi dans les voitures ?

Dans les voitures, l’installation d’un domino équipé d’une SIM permet la diffusion du wifi pour les passagers. Ainsi, Orange a lancé la Airbox Auto qui se connecte à l’allume cigare et diffuse le wifi grâce au réseau 3G/4G que l’opérateur a renforcé sur les principaux axes autoroutiers en prévision des vacances. Le domino d’Orange permet jusqu’à 10 connexions simultanées. Le prix reste néanmoins élevé : comptez 25 euros par mois pour 8Go d’internet mobile, en plus des 50 euros pour le domino.

Alors que la connexion à internet est désormais perçue comme indispensable par les voyageurs, elle est actuellement peu accessible dans les transports en France : les obstacles à son déploiement sont toujours importants. Le coût d’investissement et les contraintes techniques sont les principales difficultés mais pas seulement : le modèle économique reste une question essentielle à traiter afin de garantir la qualité et l’accessibilité du service. Les initiatives des transporteurs et opérateurs pour mettre en place ce service sont cependant prometteuses : 2017 sera-t-elle l’année des promesses tenues ?

Aurelie GORRON

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