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Quelles perspectives pour la privatisation des aéroports ?

Après l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Angleterre, la privatisation des aéroports arrive en France. Ceci à travers la vente de l’essentiel des parts de l’État de l’aéroport de Toulouse en 2014 et le lancement des appels d’offres des aéroports de Nice et Lyon prévu durant le premier trimestre de 2016.

Un sujet de débat en France

La fin de l’année 2014 a été marquée par l’acquisition de 49,99% 5976264120_68e6352107_ode l’aéroport de Toulouse-Blagnac, soit l’essentiel de la participation de l’État, par la SAS Casil Europe. Le consortium chinois a conclu la vente pour un montant de 308 M€. Dans la même logique, un appel d’offres devrait être lancé en mars pour la privatisation des aéroports de Nice et Lyon-Saint Exupéry, dont la valeur du premier est estimé à 1,8 Md€ et le deuxième à 1,4 Md€.

Bien que le débat autour du sujet s’avère épineux, cette privatisation aura un impact de près ou de loin aussi bien sur l’expérience de l’usager que sur les compagnies aériennes. Vu simplement, la privatisation peut être définie comme un transfert de propriété d’une part importante, voire de la totalité, du capital d’une entreprise du secteur public vers le secteur privé. Dans le cas des aéroports, ce transfert se traduit par l’acquisition des droits de gestion et d’exploitation des infrastructures de l’aéroport, ces dernières restant propriétés de l’État. En pratique, la gestion des infrastructures des aéroports privatisés est assurée par des entreprises appelées sociétés aéroportuaires au capital desquelles peuvent entrer les collectivités territoriales, les chambres de commerce et d’industrie et l’État, ainsi que des intérêts privés.

La nécessité de faire face à une évolution du trafic aérien

DelayDans un contexte d’augmentation significative du trafic aérien mesuré à +6,5% en 2015 et qui continuera sur sa dynamique au cours des prochaines années, il est nécessaire de prévoir des investissements pour accompagner cette croissance. La privatisation se manifeste ainsi comme une solution gagnant-gagnant qui permettra à l’État de bénéficier, d’une part, de fonds importants qui résultent de l’opération de vente et, d’autre part, de la réduction des coûts opérationnels et d’investissements à sa charge. En outre, la privatisation permettra une diversification du capital bénéfique pour le développement de l’aéroport.

Le service proposé en question

Avec l’arrivée de capital privé, les aéroports changeront probablement leur stratégie d’exploitation, en mettant la priorité sur l’optimisation des revenus. La privatisation pourrait ainsi avoir un impact sur l’expérience des usagers par une diversification des offres commerciales (shopping, duty free, parkings …), ce qui permettra de créer des services plus diversifiés et à forte valeur ajoutée. Cependant, on peut craindre que les privatisations aboutissent à un développement à outrance Tour de contrôle © Mikael Damkier - Fotoliade l’offre commerciale au détriment du but premier des aéroports, pour en faire de véritables labyrinthes de galeries marchandes. Par ailleurs, d’aucuns suggèrent une détérioration dans la qualité de certains services, ou un manque d’investissement. En outre, il y aurait un impact direct sur les compagnies qui se traduirait par une augmentation possible des redevances aéroportuaires.

Au fil de ces démarches, les prises de position se multiplient entre le secrétariat d’État aux transports, l’Agence des participations de l’État et les députés, ce qui pousse à se poser la question sur la pertinence de ce type d’opérations et à une crainte des conséquences qui en résultent. La solution contre les inconvénients de la privatisation serait éventuellement que la puissance publique mette en place une régulation indépendante des mécanismes de prix plafond pour prévenir contre une hausse démesurée des prix tout en gardant une marge de gain honorable pour l’entreprise aéroportuaire.

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