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Quand Big Data et transports roulent ensemble pour accroître la mobilité!

Qui n’a jamais subi les retards des transports en commun ? Le trafic sur les grands axes routiers ? L’absence de Vélib’ aux bornes dédiés ? Nous avons aujourd’hui, à notre disposition, les outils pour y remédier : le Big Data. Reste à optimiser son utilisation.

Le Big Data correspond au volume massif de données structurées et non structurées, générées par un ensemble de sources d’information, et à son exploitation.

Dans le secteur du transport, il est utilisé pour :

  • Comprendre: les phénomènes de congestion et moyens de les éviter sont établis grâce à l’analyse des parcours utilisateurs couplés aux circuits alternatifs disponibles.
  • Planifier: La définition des offres de transport et projets d’infrastructures est issue de l’analyse d’une masse d’informations concernant les données des trajets : flux quotidien en fonction du jour, de l’horaire, de l’itinéraire.
  • Connaitre: Les profils, besoins des utilisateurs sont cernés grâce à l’analyse des données clients via les programmes de fidélité etc…
  • Optimiser: Le trajet le plus court/rapide/économique est trouvé à l’instant t en s’appuyant sur l’analyse des données utilisateurs et données en temps réel.

Entre 2015 et 2025, la demande en transport à Paris devrait augmenter de 20% alors que la ville n’est prête qu’à une croissance de 9% de son réseau. Il est donc normal que nos départements s’intéressent de plus en plus au Big data, afin d’utiliser efficacement les données à notre disposition et développer des solutions alternatives.

C’est la démarche enclenchée par le département de la Gironde.

Quand la Gironde enclenche/rejoint le mouvement des département connectés.

Aujourd’hui se déplacer en Gironde c’est :

  • 6 476 Km de routes
  • 400 000 à 500 000 automobilistes chaque jour sur les routes départementales
  • 33 minutes dans les bouchons en moyenne

Avec l’arrivée de 20 000 habitants chaque année, la situation se dégrade pour les automobilistes girondins, dont le chef-lieu, Bordeaux, vient d’être classé 3e agglomération la plus congestionnée de France.

Face à ces constations et enjeux que posent les mobilités girondines, le Département s’est tourné vers le Big Data pour apporter des réponses innovantes et adaptées.

Dans cette optique, les « Assises Nationales de la mobilité » a été lancée en septembre 2017. Une grande consultation au cours de laquelle l’importance du numérique a été débattu et a donné lieu à de nombreuses initiatives impliquant le Big Data. Le Département s’est engagé à mener des expérimentations dans le champ des mobilités ainsi qu’une analyse innovante et volontariste des infrastructures.

Avec notamment la mise en place d’aménagements routiers plus interactifs avec les usagers, en s’appuyant sur les nouvelles technologies développées. Ou encore avec l’utilisation d’une méthode alternative et novatrice de détection satellitaire des virages potentiellement dangereux.

Mais surtout avec l’étude des données fournies par les véhicules du Groupe PSA dans le cadre d’une étude sur les voitures connectées.

Quand PSA, IBM et la Gironde se retrouvent autour du Big Data

Jean-Luc Gleyze, le président du Département de la Gironde, précise dans une interview donnée à Sud-ouest 2017, qu’il n’est pas question ici de travailler sur l’intérêt de construire de nouvelles infrastructures routières type grand contournement, « mais de réfléchir de manière globale en observant les comportements au quotidien ».

C’est ici que le Big Data entre en scène. Pour la première fois dans un département entier, une expérimentation routière est menée sur 13 mois : depuis mi 2016, 3 000 véhicules connectés du Groupe PSA circulent en Gironde. Tous sont équipés d’un boîtier « eCall » (emergency call), un équipement connecté et géolocalisé d’appel d’urgence.

Ce boitier émet un volume très important de données du type : le temps de parcours des automobilistes, leurs itinéraires, leur vitesse, le déclenchement de leur système ABS et ESP etc… Ces données anonymisées sont ensuite collectées par IBM, qui, grâce à des algorithmes dédiés, est à même d’observer les phénomènes de flux, tout en superposant les comportements des chauffeurs avec la nature du terrain.

Les objectifs de cette expérimentation sont :

  • une amélioration de la sécurité routière, grâce à l’identification des zones potentiellement dangereuses où se déclenchent l’ABS et l’ESP et grâce à la vérification de l’efficacité des aménagements de sécurité mis en place (type ralentisseurs).
  • une meilleure localisation des zones de congestion et une meilleure compréhension de leurs causes.
  • Une meilleure connaissance de la nature des trajets effectués, déplacements longs VS déplacements courts/internes à la commune.
  • La formulation de réponses plus adaptées (covoiturage, vélo etc…) et un meilleur accompagnement des changements de comportements.

Des résultats probants justifiant de grands travaux d’infrastructures.

La première conclusion de cette expérimentation est l’importance stratégique de la commune de Saint André de Cubzac. 93 % du trafic automobile, en provenance du nord-est du département à destination de Bordeaux Métropole, y transite.

Au vu de cette constatation, Jean-Luc Gleyze, a annoncé le 7 juin 2017 la construction de la plus grande aire de covoiturage de Gironde. Elle se situera le long de l’A10 et comptera 200 places de parking. Cette aire sera équipée d’ombrières photovoltaïques pour le confort des automobilistes lorsqu’ils récupéreront leurs véhicules le soir après une journée de chaleur, mais aussi de bornes de rechargement pour véhicules électriques, de piste cyclable pour s’y rendre et de parking vélo. L’opération financée par le Département s’élève à 500 000 euros pour les 100 premières places de stationnement et à 700 000 euros pour l’ensemble de 200 places.

L’importance de Saint André de Cubzac s’explique par le positionnement de Jean-Luc Gleyze face au chantier du grand contournement de Bordeaux. Il ne cache pas son opposition et préfère préconiser une amélioration des transports en commun et du covoiturage. D’où l’accent mis sur les modes alternatifs à la voiture à l’occasion de la Semaine européenne de la mobilité. Il s’agit d’une campagne, organisée du 16 au 22 septembre 2017, visant à encourager les villes européennes à promouvoir d’autres modes de transport et à investir dans les infrastructures nécessaires.

Le glissement vers la généralisation de l’Open Data en Gironde et au-delà

Au vu du succès de l’exploitation des données des 3 000 véhicules connectés, le Département girondin demande à l’Etat de récupérer ces données auprès de tous les constructeurs automobiles. Il s’agit ensuite de les proposer en opendata aux collectivités, aux entreprises ou autres structures.

Selon l’Open Knowledge Foundation, le terme « Open Data » désigne des données que n’importe qui peut trouver, utiliser, partager, sans restriction de copyright, brevets ou d’autres mécanismes de contrôle.

 

Ce mouvement régional de l’OpenData a été créé en 2010 et, depuis, a engendré 4 portails d’envergure :

  • Opendata.bordeaux.fr : Un site pour mieux découvrir la ville de Bordeaux, à travers les données qu’elle rend publiques, ses chiffres-clés, ses métiers etc… Il a donné lieu à la création d’environ 50 apps. Principalement sur la thématique transports (34 apps).
  • Datalocale.fr : un catalogue communautaire de jeux de données utiles. Il est possible de collecter des liens vers des données provenant du monde entier.
  • PIGMA (Plateforme d’Information Géographique Mutualisée en Aquitaine) : un portail régional permettant de partager et diffuser l’information géographique pour mieux comprendre et se projeter sur le territoire aquitain.
  • Data.lacub.fr : Un portail dont l’objectif est de favoriser l’émergence d’innovations sur la vie des habitants à partir de 80 jeux de données alphanumériques et géographiques et de 5 jeux de données temps réel.

Exemples :

  • Le SAEIV Bus temps réel à partir de la plateforme data.bordeaux-metropole.fr
  • Le tram en temps réel
  • La disponibilité des places de parking dans l’agglomération en temps réel

Convaincue que l’Open Data dans les transports serait un booster de la multimodalité, la Gironde a mis à disposition de tous, 270 jeux de données réutilisables de collectivités locales.

Toutefois, ce mouvement ne se limite pas aux frontières et fleurit un peu partout dans le monde, comme l’illustre cette map des initiatives pour la mobilité.

 

Source : PMP Beyond Consulting
  • Helsinki, 2010: Développement du concept « Maas » : Mobility-as-a-service. Lancement d’une plateforme Open Data couplée à un forfait multimodal permettant d’emprunter le taxi, un véhicule de location, ainsi que les transports en commun.
  • Lyon, 2015: Lancement d’Optimod’ Lyon, une application intégrant tous les modes de transports (bus, tramways, tram, trains, TGV, funiculaire, avion, vélo) et proposant un calcul d’itinéraire en temps réel, l’info trafic ainsi qu’un large choix de transports à proximité.
  • Vienne, 2016: L’application WienMobil-lab offre un accès direct aux tramways, bus, métros et autres services de mobilité (parking, taxi, covoiturages…), ainsi que la possibilité de réserver et payer ces billets.
  • Hanovre, 2016: Un service multimodal permettant de fusionner réservation, enregistrement et facturation (transports publics, taxis, auto partage).

Chloé BERNAGAUD

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