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Rennes : les bus électriques de Bolloré arriveront en Novembre

L’offre de Bluebus, filiale du groupe Bolloré, a été retenue par la métropole rennaise en Juin 2016 suite à un appel au partenariat d’innovation, pour déployer et expérimenter des bus articulés de dix-huit mètres 100% électriques. Le déploiement de cette flotte, prévu pour 2020, s’inscrit dans l’ambition de Rennes Métropole de devenir une référence européenne en matière de mobilité. Ce contrat de plus de huit millions d’euros inclut l’analyse de l’impact du transport en commun électrique en termes d’exploitation, de maintenance et d’infrastructures de dépôt.

Valoriser innovation et territoires grâce au partenariat d’innovation

Au niveau financier, Rennes Métropole assurera 20% des investissements de recherche et développement. Bluebus qui assurera les 80% restants, conservera la propriété industrielle du matériel développé. Ce partenariat d’innovation permet de faciliter la signature de marchés publics à portée innovante, mais également aux acteurs institutionnels de mieux utiliser leurs marchés pour stimuler l’innovation dans les territoires.

Ce partenariat, signé en Janvier 2017 entre Rennes métropole, Keolis, et Bluebus, verra dans la phase initiale le développement d’un chauffage électrique, suivi d’un test sur sept bus de douze mètres. Ce mode de chauffage permettra de faire valoir que ces bus soient 100% électriques. Car c’est un combustible thermique : le GTL, qui est habituellement utilisé pour le chauffage. Actuellement en test, les bus commenceront à être livrés en Novembre. Concernant la seconde phase, il s’agira d’adapter ce système de chauffage sur les bus électriques et articulés de dix-huit mètres, pour lesquels la livraison est prévue sur la période 2018-2019. A noter que Rennes est la métropole qui utilise le plus ce type de bus.

Le bus électrique chinois à l’assaut du marché français

Pour le groupe Bolloré, historiquement spécialisé dans la production de papiers et de films plastiques ultrafins, aujourd’hui développeur de solutions de stockage et de mobilité électrique, l’objectif est d’étendre la vente de ses solutions à l’industrie automobile et aux particuliers. Néanmoins, le groupe connaît quelques difficultés car le modèle économique vacille. Ainsi, la E-Méhari co-produite avec Citroën n’a été vendue qu’à 900 exemplaires en 2016 et Blue Solutions anticipe une perte de 179 millions d’euros à l’horizon 2023 pour l’activité Autolib’. Les futurs déploiements de flottes de bus électriques dans d’autres métropoles françaises pourraient permettre à Bolloré de renforcer ses positions, sauf que simultanément la concurrence internationale s’intensifie.

Des groupes chinois comme Yutong ou BYD visent le marché français. BYD, leader mondial des bus électriques, investira dix millions d’euros sur un site de production dans l’Oise. L’industriel chinois cible le renouvellement des 4 600 bus de la RATP qui compte rendre électrique 80% de son parc d’ici à 2025. Un appel d’offres estimé entre 10 et 40 millions d’euros sera émis à la fin de l’année et comprendra deux lots identiques à destination de deux constructeurs différents. Le groupe Bolloré fera vraisemblablement parti des soumissionnaires.

Les défis de la mobilité urbaine : infrastructures, accessibilité et électrification

La mobilité est une problématique stratégique de la politique urbaine dans un contexte de densification des populations, d’où l’obligation de constituer des hubs intermodaux pour lier villes et territoires, lisser les flux de trafic et décarboner les centres villes.

Néanmoins, certains obstacles financiers demeurent, en dépit des initiatives lancées sur nos territoires à Paris, Marseille, Gaillac ou encore à Nice. Il s’agit du coût des bus électriques et des infrastructures de recharge qui pourraient permettre l’interopérabilité des bus, en plus des dépenses liées à la fourniture d’électricité. Ces défis pourront être surmontés si les agglomérations et les métropoles travaillent de concert avec les constructeurs pour développer des solutions innovantes, adaptées aux spécificités locales, et si certains équipements deviennent universels et interopérables.

En tout état de cause, les projets de mobilité électrique sont une révolution pour les acteurs publics qui doivent désormais revoir leur mode de gestion, de maintenance et de stockage des parcs de bus. Il faut ainsi électrifier les dépôts et anticiper avec les fournisseurs d’énergie les appels de puissance pour alimenter les futures grandes flottes de véhicules électriques (3 700 bus électriques pour la RATP en 2025). Le prochain défi de la mobilité électrique n’est pas l’industrialisation des bus mais bien leur alimentation et la charge supplémentaire qu’elle fait peser sur le réseau de distribution et sur la production d’électricité.

FabienGU1LH3M

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