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[Autonomy] Penser la ville de demain, et la logistique qui va avec

Pour faire suite à notre premier volet sur le salon Autonomy et après vous avoir présenté l’impact du véhicule autonome dans la mobilité urbaine de demain, nous nous focalisons aujourd’hui sur les problématiques de logistique urbaine et de réorganisation urbaine de la ville de demain…

Une ville nouvelle, connectée et multimodale

La ville de demain, une ville connectée où le digital est moteur. Une révolution où les technologies numériques sont de plus en plus présentes dans les pratiques de mobilités (trafic routier, GPS, appli taxis). Elles connectent les différentes composantes de la ville que ce soit les citoyens, les réseaux, les flux, les bâtiments et les infrastructures. Thomas Borie, Senior Project Manager chez Faber Novel Innovate, aborde les bienfaits de cette ville intelligente sur les métropoles, sur le fonctionnement des transports de masse et sur l’amélioration de la qualité de vie. Des bienfaits qui sont significatifs et optimise la ville tels que la durabilité, le décongestionnement et en autre la gestion des flux. Ceci est permis par l’émergence de nouveaux business models portés par la révolution numérique.

Belebte Straßenkreuzung in Gangnam Seoul

En parallèle de la connectivité, la ville de demain revêt aussi un caractère multimodal comme le précise Nicolas Louvet du Cabinet de recherche 6-t. Il y a 15/20 ans, on était principalement monomodal. Aujourd’hui les habitants des grandes agglomérations sont de plus en plus multimodaux. Par exemple, en moins de dix ans d’existence, l’utilisation des Velib a progressé de 50%.
De même, le rapport de l’Observatoire des Mobilités Emergentes 2016* met en avant la progression des mobilités émergentes et l’attraction des mobilités douces. Il calcule la part des Français ayant eu recours au moins une fois au cours des 12 derniers mois aux pratiques de mobilité émergentes. Ainsi, le covoiturage est la forme la plus répandue (30%). La pratique du vélo dans les déplacements du quotidien (23%) s’est stabilisée mais reste importante. Le recours aux VTC affiche une croissance rapide avec une pénétration de 10% contre 3% il y a deux ans.

Une révolution est en cours mais les challenges restent nombreux en ce qui concerne le maillage territorial, la résistance au changement, et en termes de fracture dans les usages.
Ainsi, comment répondre aux multiples attentes et besoins de la ville de demain ?

Nouveaux concepts pour penser la ville

De nouvelles conceptions de la ville émergent et renferment chacune des marges d’amélioration importantes pour apporter des solutions aux enjeux logistiques.
C’est dans ce contexte que Thomas Borie, prône l’émergence d’un nouveau modèle d’organisation de la ville : le modèle de la plateforme, au sein duquel 4 profils d’acteurs se distinguent.
Tout d’abord, les « asset builders » construisent, développent et vendent les assets physiques de la ville. Ensuite les « platform orchestrators » créent des réseaux d’individus et d’objets.
A leur côté, les « technology creators » fournissent la technologie permettant toutes ces relations. Enfin, les « service providers » qui créent du service et de l’intelligence.
Ainsi, via ce modèle, les différentes entités communiquent, travaillent et se régulent entre elles. Elles s’apportent mutuellement de la valeur. Ce modèle impacte fortement la logistique et notamment les flux d’information. Il ressort que chaque point de contact se nourrit d’information puisée à l’extérieur de son entité. C’est là toute la richesse du modèle de la plateforme.

D’autres modèles sont possibles en réponse aux problématiques d’optimisation de la logistique urbaine.
Cécile Maisonneuve, Présidente de la Fabrique de la Cité, expose de son côté trois scenarios envisageables de la ville de demain développés dans son projet Feeding and Fueling the city.
Premièrement, on peut définir la ville comme « une ville plateforme ». Une des compétences primaires de la ville serait la gestion de la voierie. De nouvelles idées seraient ainsi exploitables afin de réintégrer la logistique sur le territoire telles que la conception de voies multi-usages, le marquage au sol évolutif ou encore la réutilisation des potentiels de stockage comme les espaces souterrains.
Ensuite, on peut envisager la ville de demain comme « une  ville plus en retrait ». Une ville où les acteurs s’organiseraient directement avec le citadin pour lui rendre des services. Ce scenario repose sur une logique de service. La ville se contenterait de faciliter le lien entre les entreprises et les citadins.
Enfin, le dernier scenario repose sur « une ville territoire ». Une ville qui réinterrogerait toutes les potentialités de son territoire pour résoudre les problèmes logistiques (exemple de Franprix et du transport fluvial).

Ces modèles dressent les contours d’une organisation possible de la ville de demain où se renouvelleraient les liens entre la ville, son environnement et le citoyen.

Nouveaux défis de la ville en termes de logistique

Comment faire pour que la logistique réponde mieux aux besoins humains ? Ces préoccupations dans les domaines du Transport et du Commerce sont portées par de nombreux acteurs historiques ou nouveaux entrants.

Au niveau des collectivités, prenons l’exemple de la ville de Besançon. Pour Myriam El Yassa, Conseillère Municipale, les sujets de Smart City sont la clé de voûte des actions politiques. Ainsi de nombreuses initiatives sont entreprises ou en réflexions en ce qui concernent la mise en place de bus électriques, le désenclavement des espaces prioritaires, le stationnement mutualisé ou encore l’animation des gares par la présence de marché bio.
Pour relever les défis logistiques de la ville de Paris, la Mairie de Paris, depuis 2009, s’est dotée d’un incubateur Paris&CO hébergeant aujourd’hui 16 startups. Il incarne cette volonté de co-construire les projets d’amélioration et d’optimisation de la ville.

Les startups, acteurs très innovants, viennent parfois disrupter les modèles traditionnels, et d’autres fois se greffer autour d’acteurs historiques et de leurs infrastructures en apportant du service. Le périmètre est large que ce soit dans la gestion de flotte, l’optimisation du carburant, le remplissage des camions, ou encore les livraisons collaboratives.
Flexibles et plus adaptées en termes de solution et de coût, les startups peuvent aussi redynamiser les réseaux des petites et moyennes villes. C’est ce que propose la startup Pysae rencontrée lors du salon avec sa solution de géolocalisation de bus.

Les industriels ou distributeurs ont également un rôle moteur dans les améliorations logistiques de la ville. Un rôle qui se dessine comme nous l’explique Stéphane Tuot, Responsable des Flux chez Franprix. Il n’est pas toujours évident pour de tels acteurs de trouver des solutions innovantes à grande échelle pour traiter la logistique. Franprix a repensé son mode de transport de marchandise dans une logique de proximité, d’optimisation des flux et de durabilité. Ainsi, 80 de ses 300 magasins sont aujourd’hui desservis par la Seine, et ce jusqu’en 2020.
Autre exemple, Franprix s’est associé avec la startup Phenix pour faire face aux problématiques logistiques posées par la collecte des invendus alimentaires.

Nouveaux défis de la ville en termes d’intégration urbaine

Hub urbain emblématique de la ville et reflet de la mobilité, la gare de demain doit relever des défis majeurs pour toujours mieux s’intégrer dans le paysage urbain.

motion travelerLa SNCF dans l’écosystème global des transports a ainsi un rôle essentiel à jouer en tant que gestionnaire des gares et de leurs périphéries, afin de faciliter l’intermodalité urbaine. C’est le point de vue d’Hervé Richard, Directeur du programme Porte à Porte de la SNCF, pour qui la gare constitue la première entrée pour accompagner les changements de la mobilité. Avec plus de 3 millions de passagers au quotidien en Ile de France et une intensification du trafic, la logistique est un élément essentiel de gestion des flux. La SNCF doit fournir du service de mobilité en amont et en aval du train, offrir de la disponibilité et de la fréquence au niveau national. Pour apporter de la disponibilité, tout l’enjeu réside dans l’intégration de start-up. Et pour cela, elle va pouvoir développer par exemple l’autopartage (Ouicar, Zipcar) afin de répondre aux besoins de mobilité partagée.

De la même manière, à Rennes, la mise en place d’un forfait étudiant mensuel transport (train, vélo, covoiturage) illustre la volonté d’offrir de la multimodalité à tous les échelons.

Muriel Dugue Vossart, Manager Expérience Client à la SNCF, nous rappelle le caractère paradoxal de la gare, un espace entre immobilité et mobilité. Il faut dès lors transformer cet espace de passage en lieu de vie en captant le temps des usagers. Le temps est un facteur à étudier et à s’approprier. Pour cela, les actions à venir s’oriente vers une optimisation des temps de rupture, la mise en place de services aux passagers (espace de coworking, conciergerie, crèche etc…) et principalement la ré-humanisation de l’espace et du temps.

Afin de mieux comprendre les enjeux de la révolution de la mobilité urbaine, découvrez dans le prochain article sur le salon Autonomy la place de la data et de la collaboration entre les différents acteurs privés et publics.

 

 

 

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