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De Scooterino à Mapool : se faufiler en ville sans le permis moto !

500 000 scooters et 3 millions de voitures sont en circulation à Rome. Le nombre de voitures est d’ailleurs quasiment équivalent au nombre d’habitants, ce qui fait de la capitale italienne l’une des villes les plus embouteillées au monde ! C’est à partir de ce constat qu’un jeune italiano-américain conçoit Scooterino. Comparable à un Blablacar mais sur des courtes distances et des trajets généralement fréquents, cette application de « co-motorage » vous permet de vous géo localiser et de réserver une course à moto pour vous rendre d’un point A à un point B. Quelques minutes plus tard, vous partagez la selle d’un deux-roues pour vous rendre à votre destination.

En France ce sont Olivier et Pierre, les co-fondateurs de Mapool, qui, en ratant le train, ont eu cette même idée en juin 2015. Zoom sur cette startup française proposant une alternative écoresponsable pour les transports urbains.

Le principe du covoiturage appliqué à la moto

Vous entrez votre point de départ et d’arrivée, vous choisissez votre conducteur parmi ceux les plus proches et ce dernier passe vous chercher en moto. Vous vous posez sûrement la question : est-ce que le conducteur (un particulier) avait prévu initialement tout ou partie de ce trajet et vous propose de partager les frais – à l’image de Karos ou Wayz-Up qui proposent des services de covoiturage domicile-travail – ou bien vient-il vous chercher comme l’aurait fait un conducteur UberPop ? Nous avons interrogé Olivier Czapka, cofondateur de Mapool : « J’ai l’habitude de répondre à cette question, commence-t-il. Originellement, nous souhaitions nous placer en plateforme de mise en relation entre la communauté des conducteurs de deux-roues et celles des utilisateurs des moyens classiques de transport pour leur proposer une nouvelle alternative rapide et économique. Dans la pratique, nous remarquons des conducteurs profitant de trajets quotidiens pour partager les frais avec un passager régulier (même lieu de travail et même quartier d’habitation par exemple). La première différence majeure de Mapool avec un modèle comme UberPop est que les passagers et conducteurs peuvent se choisir pour partager des trajets réguliers. Ensuite, sur Mapool, les passagers paient le montant de leur choix à la fin du trajet. Enfin, les conducteurs sont limités à 3500 euro par an (une moyenne des frais annuels constatés sur un deux-roues), Ainsi les conducteurs ne peuvent pas faire de bénéfice et encore moins en faire une activité professionnelle. Ils peuvent seulement amortir leurs frais (assurance, entretien, etc.)». On peut donc classer cette startup comme un nouvel acteur du covoiturage urbain, dupliquant le modèle de Karos ou Wayz-Up à la communauté des motards.street-vehicle-motor-scooter-vespa-large

Une fois le distinguo fait, les avantages sont indéniables. En tant que passager, vous pouvez désormais éviter les bouchons et traverser tout Paris en moins de 25 minutes pour 10€ en moyenne. Si vous êtes conducteur, on a déjà parlé de la possibilité d’amortir vos frais annuels. Ce plafonnement de l’indemnité évite en outre la concurrence déloyale aux Taxis Motos.

Le PDG de Skoot-Motocab (n°1 du transport à moto à Paris) a d’ailleurs réagi de manière plutôt enthousiaste vis-à-vis de ce concept apparemment concurrent.  «Si cette application arrive à se développer, cela se ferait sur une nouvelle tranche de clientèle, nous ne pourrions alors qu’applaudir», annonce-t-il à France 3. Autre axe différenciant entre ces deux services, le professionnalisme des chauffeurs et du matériel. Il argue ainsi que 75% des trajets qu’effectuent ses conducteurs nécessitent des véhicules adaptés à la distance et aux conditions météorologiques pour relier Paris et les aéroports. De plus, sa clientèle exclusivement professionnelle doit pouvoir se fier à la ponctualité et à la couverture de la quasi-intégralité de la capitale par les conducteurs.

Concernant la couverture des conducteurs, le co-fondateur de Mapool nous annonce qu’ « il y a toujours une dizaine de conducteurs connectés sur Paris aux heures de pointe». Puis il ajoute que « sur tous les conducteurs souhaitant s’inscrire sur la plateforme, un quart est allé jusqu’au bout du processus de validation et la moitié de ces derniers a déjà réalisé un trajet. »

La sécurité n’est plus un obstacle au co-motorage

L’un des points sensibles venant à l’esprit lorsqu’on parle du partage d’un deux-roues est la sécurité. Mapool n’a donc rien laissé au hasard à ce sujet. Les équipements seront fournis par le conducteur (gants, casque et imperméable). Concernant l’assurance, selon la Fédération Française des Sociétés d’Assurances, « la pratique du covoiturage n’a a priori pas d’impact sur les conditions d’assurance du véhicule et de ses passagers ». Une assurance standard est donc suffisante pour couvrir les activités de covoiturage en prévenant auparavant son assureur de la pratique.

Mapool-co-motorage

Les conducteurs sont, quant à eux, sélectionnés par Mapool au regard du dossier qu’ils remplissent lors de leur inscription, avec pour exigences : un véhicule en bon état, une carte grise, un permis de conduire et une assurance à jour, des photos du véhicule et la photo de profil du conducteur. « Nos conducteurs sont également évalués sur la base d’un quiz à partir de vidéos pédagogiques sur le fonctionnement de l’application, les bonnes pratiques et la sécurité du passager. Une note inférieure à 90% de bonnes réponses à ce quiz est éliminatoire » nous confie le co-fondateur. En outre, à l’image de Blablacar, l’application repose sur une communauté d’utilisateurs qui, par leurs notations et leurs commentaires, classent naturellement les conducteurs en termes de qualité de la conduite, de prudence, d’amabilité ou encore de ponctualité.

 

Une start-up éco-citoyenne, de son business model à ses principes d’animation

Concernant le business model, il ressemble à celui du bien connu Blablacar mais ne se contente pas de l’unique partage de logo-1E1Avéhicule comme acte écoresponsable, il propose un engagement citoyen encore plus fort. Tout d’abord, concernant le tarif… il n’y en a pas ! En effet, l’application vous suggère seulement un prix pour gratifier le conducteur mais le passager a l’entière liberté de régler voire même de surpasser cette suggestion ou à l’inverse de payer en deçà du prix suggéré.  La start-up se rémunèrera au moment de la transaction en prenant une commission de 15% sur le montant versé au conducteur. Ensuite, Mapool va plus loin dans son engagement pour l’environnement en signant un partenariat avec Planète Urgence : pour 1€ de plus lors de votre paiement vous plantez un arbre en Indonésie. Vous pouvez, de manière ludique, faire augmenter votre compteur d’arbres plantés et le partager sur les réseaux sociaux pour encourager votre entourage à faire de même. Depuis le lancement de l’application en juin 2015, c’est ainsi 400 arbres qui ont été plantés.

Les impacts sociétaux de Mapool ne sont pas en reste. L’esprit de communauté, d’entraide, de partage et de rencontre font partie intégrante de l’expérience du passager et du conducteur, qui nouent en outre une relation de confiance, fondée sur la prudence dans la conduite et le comportement sur le deux-roues. Mapool se voit ainsi dotée d’une qualité de service répondant au mieux aux attentes des usagers.

Le dernier impact intéressant de ce modèle est la démocratisation de la passion des motards vis-à-vis d’un public non averti. Le commun des mortels peut désormais s’adonner à la passion du deux-roues sans avoir à passer son permis. En quelques clics, il se retrouve passager d’un scooter ou d’une grosse cylindrée pour traverser Paris en slalomant dans les rues bondées de voitures.

 

A l’heure ou la voiture se fait chasser des centres urbains pour sa pollution et son encombrement, certains entrepreneurs trouvent des alternatives intéressantes. Mapool en fait partie sur le secteur des deux-roues et se verra bientôt rejoint par Cityscoot, un service de scooter 50cm3 en accès libre, à l’essai à Paris d’ici mi-2016, ou encore Felix, qui se positionne comme le Uber de la moto à Paris. Ces services seront-t-ils complémentaires ou concurrentiels ? Affaire à suivre !

 

Retrouvez tous les articles du dossier « mobilités collaboratives »:

Quentin GIROT

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