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Des flottes de bus zéro émissions en 2025 : la RATP va-t-elle réussir à relever ce défi ?

Dans quel contexte écologique s’inscrit le plan bus 2025 ?

A l’heure de la transition écologique, la RATP a mis en place depuis 2014 le plan Bus 2025. Ce plan répond à la volonté d’Île-de-France Mobilités (IDFM) de supprimer les bus diesel du réseau francilien. Il a pour objectif de convertir d’ici 2025 4700 bus desservant Paris et sa petite couronne en véhicules propres et 25 centres bus à l’électrique et au bioGaz.

Répartition des centres bus de la zone RATP
Répartition des centres bus de la zone RATP : à Paris et en petite couronne

Détenir un parc 100% propre en Ile-de-France, c’est l’objectif du projet de la RATP qui est aujourd’hui déjà pleinement engagée dans la réalisation de cette transformation inédite. Cette transition vers une flotte de bus tout électrique ou à gaz renouvelable s’accompagne d’une transformation profonde des centres bus mettant en jeu partenariats, soutien financier, expérimentations et technologies innovantes.

Le plan bus 2025 entrainera une diminution de 50 % des émissions de gaz à effet de serre de la RATP à partir de 2025. Ce défi technologique et écologique obéit également aux objectifs de réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre inscrits dans le Plan de Déplacement Urbain d’Île-de-France.

Electrique, biogaz, hybride… 6 ans après le démarrage du projet, qu’en est-il ?

Sont considérés comme « propres » les bus 100% électriques, ceux fonctionnant au GNV (Gaz Naturel pour Véhicules) et les hybrides Euro 6 (diesel et électrique).

Les véhicules hybrides permettent une économie de carburant de 20 % à 30 % par rapport à des véhicules diesel. Initialement inclus dans la flotte verte de la RATP, il ne sera pourtant plus acheté de tel véhicule. En effet, leurs performances écologiques sont insuffisantes lors des circulations ralenties. Vers 2030, les quelque 1000 bus hybrides encore en circulation seront en fin de vie et devraient disparaitre du trafic parisien.

A l’origine, la RATP annonçait également un puissant essor de l’autobus électrique. Si le projet prévoyait « 80 % de véhicules électriques et 20% de bus à gaz renouvelable et non fossile », il prévoit aujourd’hui une majorité de bus au bioGNV dans sa flotte zéro émissions. En effet, d’un point de vue écologique, économique, et de leur autonomie, les véhicules au biogaz semblent être plus adéquates pour affronter cette robuste transition.

Caractéristiques des véhicules électriques et fonctionnant au biogaz

Caractéristiques des véhicules électriques et fonctionnant au biogaz

Le nombre de bus fonctionnant au GNV est en hausse par rapport aux prévisions de 2016. La région prévoit aujourd’hui 70 % de bus bioGNV (2200 bus) contre 30 % de bus électriques (1500 bus) en 2025.

On considère aujourd’hui environ 30% de la flotte actuelle de la RATP comme « propre ». En plus des 1100 bus hybrides déjà existants, les achats réalisés jusqu’à ce jour permettent d’ajouter au compteur plus de 150 bus électriques et plus de 250 bus au bioGaz. 3300 véhicules circulent toujours au diesel.

Par ailleurs, à partir de cette année, 600 bus propres seront intégrés à la flotte verte chaque année. Pour les accueillir, les centres bus de Créteil et Massy sont déjà convertis au biogaz, et les sites de Lagny (Paris, 20e) et Corentin (Paris, 14e) à l’électrique. Pour les autres sites, les travaux sont en cours ou en phase d’étude.

Synthèse de l’évolution de la flotte de bus exploitée par la RATP

Synthèse de l’évolution de la flotte de bus exploitée par la RATP

Evolution énergétique des centres bus : un défi technologique !

Pour la recharge électrique ou l’alimentation en bioGNV des bus, une adaptation profonde des dépôts de bus de la RATP est en cours. Au total ce sont 13 centres bus qui seront convertis à l’électrique et 12 qui seront convertis au biogaz.

Pour accueillir les bus dits « propres » les travaux d’infrastructure sont particulièrement importants et se résument en 5 étapes clés :

  • Raccorder les dépôts aux réseaux de distribution d’électricité et de bioGNV.
  • Installer un transformateur électrique ou une station de compression (le raccordement ne fournit pas de l’électricité ou du bioGNV directement utilisable).
  • Acheminer l’énergie jusqu’aux bus : par des prises électriques ou postes de recharge en biogaz. Des postes de recharge rapide au biogaz sont installés plus ponctuellement pour ravitailler les bus en quelques minutes.
  • Mettre à niveau les centres bus conformément à la réglementation des installations classées pour l’environnement (ICPE).
  • Adapter les ateliers de maintenance en fonction des spécificités des bus électriques et biogaz.

Afin de raccorder les centres bus de la RATP à l’électrique, la RATP et Enedis ont signé un partenariat en mars 2018 pour une durée de 2 ans. Les deux entreprises ont récemment annoncé le renouvellement de leur collaboration jusqu’en 2022. Cela permettra d’une part d’achever le raccordement des centres bus et d’autre part de fiabiliser et sécuriser l’ensemble du réseau en vue des Jeux Olympiques de 2024.

Quelles perspectives pour le plan bus 2025 ?

Fin 2020, Ile-de-France Mobilité et la RATP ont reçu une subvention de 23 millions d’euros de la Commission Européenne. Cette aide s’inscrit dans le cadre du programme Européen « Connecting Europe Facilities » visant à financer des infrastructures de transport durable. Elle sera complétée par un financement d’un montant équivalent de la Caisse des Dépôts via la Banque des Territoires. Ces investissements massifs permettront de soutenir l’acquisition de véhicules et la conversion des centres bus.

Justine LE GAL

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