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LA TECHNOLOGIE BLOCKCHAIN AU SERVICE DU TRANSPORT DE CONTENEURS MARITIME ?

On ne compte plus le nombre de fois où le terme « Blockchain » a été employé dans l’actualité ces derniers mois. Entre décembre 2016 et décembre 2017, les recherches Google associées ou contenant le mot « Blockchain » ont été multipliées par 100. Pourquoi et comment peut-on expliquer un tel intérêt pour cette technologie ?

La blockchain dans la presse

Blockchain, innovation ou simple mot à la mode ?

Que vous soyez un investisseur convaincu ou un observateur mitigé, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène Bitcoin. Facilement compréhensible et porteuse de nouvelles promesses, la plus célèbre des cryptomonnaies a beaucoup fait parler d’elle. La technologie Blockchain est à la base même de ces désormais fameux bitcoins puisqu’elle constitue un système de sécurité rendant possible échanges et transactions.

Petite piqure de rappel, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’information fonctionnant sans organe central de contrôle. Grâce à un algorithme, chaque donnée est vérifiée et validée avant d’être regroupée en bloc et de rejoindre une base de données située sur un réseau. Cette base est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.

Loin de se limiter uniquement aux bitcoins et aux cryptomonnaies, la technologie blockchain trouve de nombreuses applications et s’impose de plus en plus comme une solution sûre, robuste et efficace. Plusieurs secteurs s’y intéressent de près et voient dans la blockchain une nouvelle solution pour répondre aux problématiques de traçabilité et de sécurité. C’est le cas en particulier dans le transport de marchandises, en mai dernier, Arvind Krishna, directeur de la recherche IBM, affirmait que « l’utilisation de cette technologie pour le transport maritime de marchandises fera économiser plusieurs milliards de dollars au secteur ». En parallèle, les expérimentations se multiplient et utilisent la blockchain comme un moyen de tracer les opérations et les produits importés et exportés à travers le monde.

Face à ce développement, il devient légitime de questionner la place de cette technologie et les conséquences induites par sa généralisation. Pour ce faire, il s’agira de se focaliser sur le secteur du transport maritime de conteneurs, marqué par des enjeux forts en matière de traçabilité des marchandises afin de se rendre compte de l’impact réel et des conséquences que peut amener cette technologie.

Des conteneurs maritimes contrôlés, vérifiés et validés à plusieurs étapes du voyage

Transport maritime

Dans le secteur du transport maritime par conteneurs, les processus de vérification sont longs et nombreux. Le trajet est semé de contrôles manuels qui nécessitent d’ouvrir les conteneurs à plusieurs reprises et de contrôler / vérifier la marchandise transportée et son état. La documentation relative au transport par conteneurs fait elle aussi l’objet de contrôles fréquents. S’il manque un document lors d’une étape du processus, c’est tout le conteneur qui risque de se retrouver immobilisé. Ces allongements de délais peuvent dans le pire des scénarios conduire à la destruction de la marchandise transportée.

On estime que pour une opération de transit internationale, près de 30 contrôles seront réalisés par des organismes différents. Ces opérations, mises bout à bout, représentent un allongement non négligeable des délais d’expédition.

A ce temps supplémentaire s’ajoutent des frais de traitement et d’administration de la documentation commerciale qui représentent près d’un cinquième des coûts du fret maritime.

Des contrôles simplifiés grâce à la technologie blockchain ?

Dans une réflexion plus large, grâce à la technologie blockchain, l’ensemble des parties prenantes de la chaîne logistique peuvent intervenir de manière simple, rapide et transparente. Très concrètement, une marchandise peut être entrée dans la base de données et les informations la concernant seront alors mises à jour régulièrement depuis sa fabrication jusque sa livraison au client final. De cette manière, on dispose d’un registre complet, transparent avec une gestion distribuée qui rend impossible toute modification unilatérale. Pour rendre le système encore plus simple, les informations nécessaires peuvent être renseignées dans la base manuellement à l’aide d’une saisie directe, ou alors de manière beaucoup plus automatique. L’utilisation généralisée des smartphones, capteurs connectés, facilite la remontée d’informations et couplée avec la technologie blockchain, ils permettent de tracer facilement les produits.

La blockchain se positionne également comme une solution face aux défis que représentent la lutte contre la fraude et la réduction du gaspillage durant le transport de marchandises. Plus que jamais, les entreprises sont scrutées et s’exposent à des scandales comme celui de 2013 qui a mit en lumière une fraude à la viande de cheval dans des plats surgelés. Une étude de 2016 évalue le coût de la fraude dans la Supply Chain à 40 milliards de dollars. Grâce à cette technologie, il est facile de savoir quelle information a été écrite, par qui et à quel moment. La blockchain permet une transparence totale sans qu’une modification unilatérale ne puisse être apportée.

Il est aussi possible d’adresser des enjeux sanitaires. Jusqu’à présent, en cas de contamination d’un aliment, il était nécessaire pour les autorités de retracer l’ensemble de la chaîne logistique de la fabrication à la distribution, afin d’identifier l’origine du dysfonctionnement et de retirer le produit de la circulation. L’organisation actuelle du transport maritime rend cette opération compliquée, l’utilisation de supports papiers et la difficulté pour récupérer l’information, ralentissent l’opération qui peut prendre plusieurs jours. La transparence d’un registre blockchain peut permettre de réduire le temps nécessaire et d’assurer la sécurité des consommateurs potentiels.

Quelques initiatives lancées

Ces dernières années, les tests et expérimentations se multiplient pour tracer et sécuriser le transport en mer grâce à la blockchain.

Intel, par exemple, a proposé un système de traçabilité des poissons pêchés ayant recours à la blockchain. Le groupe attache un capteur à un lot de poissons qui transmet dans une base de données blockchain un ensemble d’informations. Les données sont alors recueillies dans une base gérée par Intel.

On note le développement d’autres initiatives du même type, principalement dans le secteur de l’agro-alimentaire mais également dans celui de l’immobilier, en ce qui concerne l’acheminement des matériaux de construction, ou encore dans le secteur pharmaceutique. Là encore, il s’agit de répondre à des questions de traçabilité pour suivre en permanence des produits sans que des modifications / falsifications ne puissent être apportées.

Même s’il est encore difficile de quantifier les gains générés, on estime que la blockchain permettra de réduire considérablement les pertes de marchandises et les cas de fraude pour ainsi reconquérir la confiance des consommateurs, de plus en plus sceptiques face aux produits importés.

Pour finir …

De façon générale, la blockchain est pertinente en Supply Chain dans les situations où différents acteurs n’ayant pas les mêmes intérêts, ou ne se faisant pas forcément confiance a priori, doivent collaborer ensemble. Elle permet de responsabiliser ces acteurs vis-à-vis des inscriptions qu’ils effectuent dans le registre. La blockchain ne résoudra pas l’ensemble des défis de fraude et de traçabilité mais permettra grâce à sa transparence et son intégrité, de contribuer fortement à lutter contre les fraudes et les erreurs en particulier dans le transport maritime alimentaire.

Samir AZIZI

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