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Les transports à la demande (TAD), nouveau levier d’intégration des territoires?

Les transports à la demande sont un service de transport public qui ne fonctionne que sur réservation, selon des critères fixés à l’avance par le gestionnaire. Ils prennent le plus souvent la forme de minibus ou de navettes, réservables par internet et téléphone. Leur gestion est assurée par les collectivités locales, le plus souvent en association avec une entreprise de gestion de réseaux de transport. Ils ont connu un engouement croissant ces dernières années de la part des collectivités territoriales qui voient en ce nouveau type de mobilité une opportunité à la fois économique, sociale et politique.

Une possible redynamisation de territoires péri-urbains grâce aux TAD

Les TAD permettent de relier des territoires excentrés ou mal desservis par les réseaux de transport aux centres villes. Ils permettraient ainsi de dynamiser ou redynamiser certaines zones périurbaines ou rurales, à la fois sur le plan économique et démographique. Ces zones qui nécessitaient de posséder une voiture deviennent accessibles à tous, le tout pour un prix qui est souvent aligné sur les tarifs des transports publics de la métropole la plus proche. Avec une attractivité croissante des espaces périurbains et semi-ruraux vis-à-vis d’une population jeune souhaitant échapper aux aspects négatifs du centre ville, les TAD représentent une opportunité rêvée pour des territoires en quête d’un nouvel élan.

Un système de transport qui répond aux enjeux écologiques des agglomérations et offre une alternative aux véhicules particuliers

Les TAD répondent également à une volonté politique de limitation de l’usage de la voiture en ville. Ces dernières années, les pics de pollution ont conduit les pouvoirs publics à renforcer les mesures prises, allant jusqu’à bannir la circulation des véhicules les plus polluants. En facilitant l’accès aux réseaux de transports en commun existants, les TAD permettent de limiter l’utilisation de la voiture. Dans un avenir proche, les centres villes devraient encore restreindre leur accès aux véhicules polluants. Les TAD seraient alors un moyen de renforcer la continuité territoriale à travers le réseau de transport. Ils offriraient une alternative aux véhicules individuels tout en garantissant un niveau de service satisfaisant aux usagers.

Un système de transport agile qui repose sur la bonne exploitation des données

Du fait de leur aspect digitalisé, les TAD représentent une mine de données à exploiter dans l’amélioration et l’optimisation du réseau de transport. En fonction des données récoltées (nombre de réservations, lieux de prise en charge, date et heure des réservations, …), il est possible de mettre en place des solutions de mobilité adaptées, et ainsi renforcer la continuité territoriale à travers le transport.
A titre d’exemple, le service de TAD mis en place début 2018 dans la communauté de communes Gally-Mauldre a été ajusté de cette manière. Les données recueillies ont permis d’identifier les attentes des usagers et de prendre les mesures nécessaires. Pour ce faire, des liaisons sans réservation ont été mises en place entre Chavenay et la gare de Saint-Nom-la-Bretèche, le matin et le soir, aux heures de pointe. Ainsi, l’utilisation de la voiture n’est plus nécessaire et les espaces de stationnement autour de la gare ont été décongestionnés.

Un avenir des TAD encore incertain dans un contexte politique en recomposition

L’engouement pour les TAD est avéré. Le nombre de services est passé de quelques dizaines à plusieurs centaines en l’espace de quelques années. Néanmoins, la volonté politique affichée d’équité des territoires, que ce soit en termes d’accès aux transport publics ou de conditions tarifaires, se heurte à certaines limites.

Tout d’abord, ces services en sont à leurs débuts et le réseau est relativement peu dense. Dès lors, l’adaptabilité de l’offre par rapport à la demande reste limitée. En effet, la capacité et le nombre de véhicules utilisés dans les dispositifs de TAD ne permettent pas de répondre à une demande trop importante. De ce fait, certaines collectivités, comme l’agglomération de Saint-Lô, restreignent le nombre de réservations par personne par semaine.

Par ailleurs, la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) de 2015 prévoit le transfert de la compétence du domaine du transport des départements aux régions. Or, les départements sont au cœur de l’organisation des TAD que ce soit directement ou via une délégation de compétences aux EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale). Dès lors, les régions poursuivront-elles les efforts en matière de développement des TAD ? Opteront-elles pour une délégation aux EPCI ou aux départements, ou garderont-elles cette compétence ?

Quoi qu’il en soit, il faudra trouver des solutions permettant de faire correspondre les enjeux d’intégration des territoires, notamment périurbains et ruraux tout en prenant en compte la polarisation croissante des métropoles. Par exemple, le projet du Grand Paris offrirait la possibilité de développer les TAD dans les zones périurbaines et rurales autour des futures stations. Assurer la continuité territoriale par l’interconnexion entre les différents services de transport serait en phase avec le projet qui vise déjà à diminuer la polarité du réseau autour de Paris.

Sylvain BRU

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