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Opération Grand Paris : mission (quasi) impossible ?

Selon Pierre Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), 2015 représente une année charnière. Les premiers coups de pioche ont d’ailleurs déjà été donnés sur certains chantiers. Et d’ici 2016, avec le lancement des ultimes enquêtes publiques, tous les projets du Grand Paris seront sur les rails. Entre le creusement des tunnels, la construction des voies et l’édification des gares, le volume de travail est colossal : pas moins de 205km de voies et 68 gares au programme. Dans ces conditions, l’aboutissement des travaux dans le respect des délais ne tient qu’à un fil !

Un ambitieux programme sur les rails

Plan Nouveau Grand Paris
Plan des futures lignes de métro

 Le Nouveau Grand Paris vise tout d’abord à augmenter l’offre de transport ferroviaire, en priorité grâce au métro : le projet prévoit le prolongement de deux lignes existantes et la création de 4 nouvelles lignes.

La ligne 14, qui constituera l’épine dorsale du réseau, sera prolongée au nord jusqu’à St Denis Pleyel et au sud jusqu’à l’aéroport d’Orly. La ligne 11 doit quant à elle être prolongée à l’est jusqu’à Noisy-Champs.

Côté nouveautés, on retrouve d’abord la ligne 15, véritable « rocade ferroviaire » en petite couronne, qui a été segmentée en trois tronçons – est, ouest et sud. Ce dernier fait déjà l’objet de travaux préparatoires depuis le mois de mars. Trois autres lignes, dont les travaux ne devraient pas débuter avant 2016, font également partie du lot : la ligne 16, censée désenclaver l’est de la Seine-Saint-Denis et offrir notamment une liaison directe entre le centre d’affaires de St-Denis Pleyel et l’aéroport du Bourget ; la ligne 17, au nord, avec ses trois étapes clés que sont St-Denis Pleyel, le Bourget et Charles de Gaulle ; et la ligne 18, au sud-ouest de la capitale, qui assurera à terme une liaison directe entre le pôle universitaire et technologique de Saclay et l’aéroport d’Orly.

Deux autres gros chantiers sont couramment associés au projet Grand Paris mais ne sont pas gérés par la SGP : d’une part le « Projet Éole » (prolongement du RER E à l’ouest jusqu’à Mantes-la-Jolie, géré par SNCF Réseau),  et d’autre part le  « Charles de Gaulle Express », qui devrait finalement voir le jour d’ici 2023 conformément à la volonté du Premier ministre, (réalisé par SNCF Réseau et à Aéroports de Paris).

Une mise en œuvre qui ne s’annonce pas de tout repos

Source : transports.blog.lemonde.fr
La future gare de St-Denis Pleyel                                     Source : transports.blog.lemonde.fr

Outre la construction des lignes et tunnels, les 68 gares associées au projet représentent un défi technique majeur pour le Nouveau Grand Paris. En effet, certaines gares existantes nécessitent d’être rénovées, voire redimensionnées afin de contenir l’augmentation prévue du trafic de voyageurs. Travaux qui n’iront sans doute pas sans occasionner quelques perturbations de trafic… D’autres gares, créées ex-nihilo représentent de véritables défis architecturaux, à l’image de celle de Saint-Denis Pleyel, zone d’activité en plein essor qui ambitionne de concurrencer la Défense en termes d’attractivité économique. Cette gare – la plus imposante du Grand Paris avec plus de 9000 m² de superficie – sera un point névralgique du réseau et assurera la correspondance entre les lignes 14, 15, 16 et 17 pour un trafic journalier estimé à 250 000 personnes.

Un autre défi de taille pour le Grand Paris sera la réduction des externalités négatives occasionnées par les travaux. Pour ce faire, des analyses d’impacts environnementaux, socio-économiques et techniques sont actuellement menées par la SGP afin d’entreprendre rapidement des actions préventives. Ainsi, la SGP prévoit l’utilisation d’équipements atténuant le bruit (capotage, grilles acoustiques) sur les chantiers ou encore l’encadrement strict de la circulation des camions, pour réduire au maximum les nuisances sonores et les perturbations du trafic routier. Mais ces mesures ne sauraient garantir un effacement total des nuisances, d’où un effort nécessaire de communication auprès des riverains pour les rassurer… et vanter les mérites du projet pour améliorer leur cadre de vie !

Enfin, le plus gros défi pour la SGP sera probablement de faire respecter le calendrier prévisionnel, ou devrait-on déjà dire, de contenir les glissements de planning dans une limite raisonnable. Contraintes techniques, problèmes de financement ou encore procédures à rallonge sont en effet de vraies menaces pour  le Nouveau Grand Paris, sans oublier que tout éventuel retard se traduira par un surcoût… D’ailleurs, certains chantiers accusaient déjà des retards avant même d’avoir commencé, à l’image du premier prolongement de la ligne 11 jusqu’à Rosny-Bois-Perrier initialement prévu pour 2020 et repoussé d’au moins deux ans, en raison a priori d’une période de tests rallongée. La ligne 15 sud vient également d’être retardée de deux ans à cause de problèmes géologiques et d’une urbanisation compliquée. Mais il y a plus inquiétant : étant donné l’interconnexion des différentes lignes Grand Paris, le risque de retards en chaîne n’est pas négligeable… Affaire à suivre…

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Thibault Charles

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