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Top 5 des initiatives visant la réduction du trafic urbain

La COP21 s’est officiellement ouverte lundi dernier à Paris. Cet événement historique réunira pour la première fois plus de 150 chefs d’états avec pour objectif d’adopter un accord sur les réductions de gaz à effet de serre. L’enjeu de cette conférence est crucial, puisqu’elle doit aboutir à un accord « contraignant » et « universel » sur le climat, applicable à tous les pays, dans le but de maintenir le réchauffement climatique mondial en dessous de 2° Celsius.

Les origines de ce réchauffement climatique sont diverses. En France par exemple, le transport routier (voitures individuelles, véhicules utilitaires et poids lourds) est le plus gros contributeur aux émissions de gaz à effet de serre (27%). C’est dans ce cadre-là que plusieurs villes dans le monde ont mis en place des initiatives concrètes pour inciter leurs citoyens à abandonner la voiture afin de réduire ces émissions. Gratuité des transports en commun, bus aux trajets personnalisés, vélo offerts… Petit tour d’horizon des 5 initiatives les plus marquantes.

À Tallinn, les transports en commun sont gratuits

Depuis le 1er janvier 2013, Tallinn (capitale de l’Estonie) est devenue la première capitale Européenne à instaurer la gratuité des transports publics sur l’ensemble des lignes de bus et de tramway pour tous ses habitants. Cette mesure a entrainé la baisse de 14% du trafic routier selon la mairie de la ville. Cette baisse est néanmoins à relativiser : des chercheurs Suédois de la Royal Institute of Technology ont publié des résultats montrant une augmentation de seulement 1,2% de l’utilisation des transports en commun grâce à cette initiative.

Le bilan est néanmoins plus satisfaisant pour Aubagne, petite commune des Bouches-du-Rhône qui affiche une baisse du trafic routier de 10% après avoir mis en place la même initiative. D’autres villes à l’international proposent quant à elles la gratuité d’une partie de leur réseau : Miami, Bangkok, Singapour… En Chine, c’est Chengdu, capitale de la province du Sichuan comptant environ 10 millions d’habitants, qui a importé le concept en 2012. Elle a ainsi offert à ses habitants la gratuité de 44 lignes de bus avec pour objectif de réduire l’utilisation des voitures personnelles et de décongestionner le centre-ville. Une mesure qui a eu un fort succès selon le vice-chairman du « Chengdu Bus Group ». Aucun chiffre officiel n’a cependant été dévoilé.

Des bus qui s’adaptent à leurs usagers

À Helsinki, des bus qui s’adaptent aux trajets de leurs usagers ont été mis en place par la mairie. En effet, l’initiative Kutsuplus (“Call plus”) est un service de mini-bus à trajets variables selon les passagers qui le prennent. Il est donc possible de réserver un bus qui se déplacera à l’arrêt de bus le plus proche pour ensuite vous transporter à votre destination en déposant les autres passagers sur le chemin.
Ce service n’est pas sans rappeler le service UberPool proposé à ses clients par la société Uber (service de VTC partagé entre particuliers). UberPool permet ainsi aux usagers de partager les frais de leurs trajets en mutualisant la course.

Une prime pour ne pas utiliser sa voiture

À Bruxelles, les automobilistes se voient offrir par la ville la prime Bruxell’Air dans le cadre d’un plan de réduction de la pollution de l’air générée par le trafic urbain. Cette prime a pour principal objectif d’inciter les Bruxellois à abandonner l’usage de leur voiture au profit des transports publics, du vélo ou des services de voitures partagées (type Autolib’, voitures électriques partagées). Ainsi, en renonçant à son véhicule pendant un an, les habitants de la ville ont le choix entre un abonnement d’un an aux transports en commun ou une prime vélo pouvant atteindre 500€. Ils devront dans ce cas-là procéder à la radiation de leur plaque d’immatriculation avec une interdiction d’immatriculer un autre véhicule durant la durée de la prime.

A Paris, des mesures similaires ont été mises en place depuis la multiplication des pics de pollution pour récompenser les usagers qui accepteraient de céder  leurs véhicules polluants. La mairie leur offre ainsi un an de passe Navigo pour le métro, la moitié de l’abonnement à l’année d’Autolib’ ainsi qu’un chèque de 400€ pour financer l’achat d’un vélo.

Et si on ne pouvait plus utiliser sa voiture ?

Au Brésil, une autre approche a été mise place dès le début des années 70. À cette époque-là, Jaime Lerner, architecte, atterrit à la tête de la mairie de Curitiba (ville de 1,7 millions d’habitants). Sa mission initiale consistait à élargir les rues pour permettre aux locaux de prendre leurs voitures plus facilement. Au lieu de cela, il décida de faire tout le contraire en rendant piétonne l’artère principale de la ville.

L’utilisation de la voiture n’était quasiment plus possible pour se déplacer dans le centre-ville. Cette initiative, couplée à un réseau de transport en commun très développé, a permis de hisser Curitiba dans le palmarès des villes les plus impliquées dans le développement durable et l’urbanisme environnemental.

À Singapour, le trafic est régulé par un péage urbain

C’est à Singapour que le premier péage urbain a été mis en place pour réguler le trafic dans le centre-ville. Tous les automobilistes sont en effet obligés de se doter d’un transpondeur contenant une carte à puce détecté à chaque passage sous les portiques d’entrée de la zone restreinte. Cette carte, rechargeable en monnaie ou depuis un compte bancaire, est débitée selon l’heure de passage, le type de véhicule et le degré de congestion de la zone. Si le solde de la carte n’est pas suffisant, le conducteur se voit infligé une amende. Cette mesure  a eu pour effet une réduction drastique du trafic de l’ordre de 45%.

D’autres villes ont suivi le pas pour mettre en place cette mesure. Ainsi, des villes comme Stockholm, Londres ou Dubaï ont pu observer une baisse nette du trafic urbain allant de 16% pour la capitale anglaise à 22% pour les deux autres villes.

Une prise de conscience générale

La majorité des capitales et grosses agglomérations mondiales réfléchissent aujourd’hui à de nouvelles solutions pour inciter à l’abandon des voitures. Si les idées ne manquent pas, le financement de ces initiatives est quant à lui plus difficile à trouver. En effet, la gratuité des transports, les subventions ou encore l’urbanisation environnementale représentent un coût extrêmement élevé pour les services publics et découragent dans le contexte de crise actuel. Un des enjeux majeurs de la COP21 sera donc de convaincre les gouvernements que l’urgence environnementale devra in fine primer sur les freins économiques rencontrés.

Youssef El Alami

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