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Uber Freight part à l’assaut du transport de marchandises

Après le VTC, la restauration, l’aéronautique, ou encore l’hôtellerie, Uber n’a pas fini de diversifier son portefeuille d’activités. Aujourd’hui, c’est au marché du transport de marchandises que le leader américain du transport individuel s’attaque en lançant Uber Freight. Cette nouvelle plateforme, apparue le 26 décembre dernier et disponible uniquement aux Etats-Unis, s’appuie sur le célèbre modèle Uber afin de mettre en relation transporteurs et clients. A première vue, le concept n’a rien à envier aux Marketplaces de logistique en ligne qui ont déjà transposé ce modèle au marché du transport de marchandises bien avant le géant américain. Cependant, Uber a pour ambition d’aller au-delà de son offre classique de plateforme de rapprochement en intégrant une technologie portée par une récente acquisition : Otto. Cette jeune start-up californienne spécialisée dans le développement de kits de conduite autonomes destinés aux poids lourds permettrait à Uber de proposer un service de livraison longue distance sans chauffeur. En s’appuyant sur son expérience avec les voitures autonomes dans le transport individuel, Uber compte bien exploiter le créneau de la conduite autonome afin de développer sa présence sur le marché de la logistique.

Uber Freight, comment ça marche ?

Pour construire sa plateforme de fret, Uber n’a pas cherché bien loin. A l’image de l’application mobile de VTC qui a fait connaitre la marque, le service Uber Freight s’appuie sur une interface épurée, esthétique et facile d’utilisation. En faisant l’intermédiaire entre l’utilisateur et le conducteur, Uber Freight souhaite proposer un service moins coûteux pour les clients et plus flexible pour les propriétaires de poids lourds.

Ce service n’est néanmoins pas si novateur que cela car plusieurs marketplaces exploitent déjà ce créneau de désintermédiation. CargoX, la plateforme brésilienne du fret, opère un réseau de 100 000 véhicules et promet à ses utilisateurs une économie de 30% sur les frais de transport. Son homologue américain Convoy à son tour propose un service identique : fiable, rapide et facile d’utilisation. En s’appuyant sur des technologies de géolocalisation, ces plateformes exploitent l’information en temps réel pour une meilleure optimisation des ressources et une simplification du rapprochement entre les transporteurs et leurs clients.

Quel impact sur le marché du fret ?

Ces dernières années, le marché du « dernier kilomètre » a connu une forte expansion. Depuis début 2015, 170 millions de dollars ont été investis dans des start-up spécialisées dans le fret. L’engouement pour les modèles disruptifs dans le transport de marchandises est tel que plus d’un demi-milliard de dollars a déjà été investi dans des solutions de logistique du dernier kilomètre. De grands noms tels que Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, Pierre Omidyar, fondateur d’eBay ou même Garett Camp, co-fondateur d’Uber Technologies, ont déjà investi dans des start-ups reproduisant le modèle Uber au marché du fret.

L’intérêt pour ce secteur n’est pas si étonnant au vu des estimations de croissance du marché. D’après le rapport publié par l’American Trucking Associations (ATA), les revenus liés au transport de marchandises attendraient les 1 520 milliards de dollars en 2026, soit une hausse de 74,5% dont le transport routier représenterait 64%.

Uber compte ainsi exploiter ce potentiel de croissance en supprimant le Broker, l’intermédiaire entre le client et les sociétés de transport, et en transposant son modèle de variation des prix en temps réel à sa plateforme de rapprochement. Cette approche permettrait de réduire les prix de 15% à 20%, ce qui correspond à la commission destinée aux Brokers dans le modèle traditionnel. Cependant, le rôle de ces intermédiaires ne s’arrête pas seulement au rapprochement entre l’offre et la demande. Ils garantissent aussi la stabilité des prix qui est un élément essentiel à la gestion des fonds de roulement des transporteurs de poids lourds. Par ailleurs, pour des volumes importants de transport, les sociétés font appel à des transporteurs établis et fiables en signant des contrats à long terme.

Evolution des cours des marchés spot et contractuel dans le transport routier de marchandises aux Etats-Unis (2016)

En réalité le modèle uberisé du fret ne toucherait qu’une petite partie du marché du transport de marchandise : celui du marché spot ou marché au comptant. Les petits transporteurs ou les sociétés souhaitant effectuer des livraisons ponctuelles seraient donc plus intéressés par le service proposé par Uber. Toutefois, le secteur du fret international et plus précisément celui du transport maritime ou par cargo pourrait également profiter de ce modèle. Ces marchés se tournent de plus en plus vers le marché spot car l’incertitude sur les volumes pousse les exportateurs à recourir à un modèle moins coûteux.

Les Ubers autonomes, une réalité lointaine

Modèle de transport de marchandises Uber Freight

La plateforme qui a été récemment mise en ligne n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg. Le facteur différenciant pour Uber Freight est toujours en phase de test. Marchant dans les pas des projets de voitures autonomes de Google ou de Tesla, Uber compte s’affranchir de ses conducteurs autant dans le transport individuel que des marchandises. Néanmoins la technologie n’est à ce jours pas assez développée pour assurer une conduite à 100% autonome. Une livraison test de bières Budweiser a déjà été effectuée en octobre dernier aux Etats-Unis. Ce test a tout de même été réalisé en présence de techniciens et ne couvrait que les tronçons en autoroute.

Au-delà des avantages évidents en termes de diminution des coûts, les équipes d’Otto sont convaincues que cette solution peut apporter beaucoup plus. La start-up californienne prétend pouvoir réduire les risques d’accidents de la route grâce à leur système automatisé. Aux Etats-Unis, 400 000 poids lourds sont victimes d’accidents de la route dont plus de 90% sont dus à une erreur humaine. La fatigue du conducteur représenterait 30% des causes d’accident. Contrairement à l’homme, la technologie développée par Otto est plus fiable et sécurisée. L’objectif est de faciliter le travail du conducteur en automatisant une partie de son trajet. Mais nous sommes bien loin du remplacement complet du chauffeur.

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