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Uber, nouvel avatar du transport public ?

Depuis quelques mois au Etats-Unis, l’application Uber, qui met en relation chauffeurs de VTC et clients, a pris un nouveau rôle : se substituer, peu à peu, aux réseaux de transport public moribonds dans certaines communes.

L’exemple le plus récent est celui de la ville de Dublin, en Californie. La ville s’apprête à supprimer son réseau de bus (deux lignes peu fréquentées) en redirigeant ses subventions vers Uber, qui sera ainsi chargé d’assurer les déplacements des habitants et passagers de la ville.

Pourquoi faire appel à Uber ?

Autobús matutinoLes motivations des communes sont assez simples. D’une part, elles éprouvent une difficulté grandissante à financer leurs transports publics. Ainsi, en 2014, à Pinellas Park (Floride), l’augmentation des impôts de 1%, qui aurait permis d’étendre le réseau de bus et de financer une ligne de tramway, a été refusée. Depuis, la municipalité a décidé de faire appel à Uber. Le service est opérationnel depuis juillet 2016.

D’autre part, dans certaines zones rurales ou extrêmement étendues, les réseaux de bus ne sont plus suffisamment utilisés pour être intéressants pour la municipalité. Cela les poussait ainsi à proposer des prix quasiment prohibitifs pour le transport en bus (15 dollars par trajet pour les contribuables de Dublin).

Quels avantages et inconvénients pour les contribuables ?

Du point de vue des contribuables, le service proposé par Uber semble à première vue très similaire au transport à la demande tel qu’il existe depuis un certain nombre d’années en France. Le passager fait appel à un chauffeur en passant par l’application, et bénéficie ensuite d’un tarif peu élevé car subventionné par la mairie pour la course. Les premières expérimentations effectuées montrent néanmoins que le prix d’un Uber reste souvent plus élevé qu’un trajet de bus. Uber permettrait donc de couvrir le dernier kilomètre de trajet qui s’effectue souvent à pied.

Néanmoins, ce nouveau type de trajet à la demande tend à exclure quelques catégories de passagers. Tout d’abord, lors des premières expérimentations, le service n’était accessible qu’aux personnes possédant un smartphone. En se fondant sur les chiffres de 2015, cela signifie qu’environ 30% des Américains n’avaient pas accès à ce service. À Dublin, les personnes concernées peuvent faire appel à un taxi.

De plus, bien que l’offre soit subventionnée, les chauffeurs d’Uber n’ont pas d’obligation de prendre en charge des personnes à mobilité réduite. Au Disabled people are using the bus for the disabled.moins deux catégories de personnes, qui sont pourtant celles qui en auraient le plus besoin, se trouvent de fait exclues des nouveaux transports municipaux de leur propre ville : les personnes âgées (moins mobiles, et moins équipées en smartphones), les personnes à mobilité réduite et les personnes les plus pauvres.

Enfin, la question du partage des données se posent : quelles données Uber est-il prêt à partager avec les municipalités et avec le public ? À Boston, Uber n’accepte de partager ses données qu’à condition que la ville respecte une stricte confidentialité sur celles-ci. Pour l’open data, on repassera…

Un nouveau modèle de transports publics ?

Confier à une société privée l’administration de son transport public n’est pas nouveau : en France et dans le monde, Transdev est en charge de nombreux réseaux de transport en commun. En revanche, la suppression des transports en commun entraîne un service public qui semble finalement dégradé : moins de passagers en mesure d’utiliser l’offre, pour un prix parfois plus élevé. Au contraire, dans une ville comme New York, déjà bien fournie en matière de transport public, l’arrivée d’Uber comme service supplémentaire et subventionné par la municipalité se ferait au profit du consommateur : l’entreprise a ainsi annoncé cet été un pass Uber à 79$ par mois, moins cher qu’un pass mensuel pour  les transports en commun de la ville à 116,5$.

Actuellement, l’offre proposée par Uber reste extrêmement récente et est encore souvent à un stade expérimental. Si le développement de ce nouveau marché se confirme, il est très probable que plusieurs manquements seront corrigés. L’obligation de prise en charge des PMR pourrait ainsi être étendue aux chauffeurs Uber ayant passé un contrat avec les municipalités.

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