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Passages à niveau : comment réduire leur dangerosité ?

Un passage à niveau, PN pour les néophytes, désigne le croisement à niveau d’une voie ferrée, avec une voie routière ou piétonne. Il s’agit donc de lieux où plusieurs modes de transport, se déplaçant à des vitesses différentes, se rencontrent. La France compte plus de 15 000 PN, principalement situés sur des routes départementales (32% des PN) et des voies communales (67% des PN).

Si les PN retiennent particulièrement l’attention des collectivités territoriales et des gestionnaires de réseau, c’est parce qu’ils sont fortement accidentogènes. En effet, SNCF Réseau a dénombré 100 collisions au niveau d’un PN en 2015, tuant 27 personnes et en blessant gravement 15. Ces accidents représentent la deuxième cause de mortalité ferroviaire en France, et la première en Europe.

Chiffres clés des accidents depuis 2011

 

La gravité des collisions s’explique par la vulnérabilité des individus face à un train. En effet, un train lancé à 90km/h mettra 800 mètres pour s’arrêter. Ainsi, lorsqu’un conducteur de train s’aperçoit qu’un véhicule est bloqué sur un PN, il est déjà trop tard. Afin de lutter contre les accidents, plusieurs actions sont menées par SNCF Réseau et par l’Etat. Quelles sont-elles ?

La réduction du nombre de PN

Pour diminuer le nombre d’accidents, pourquoi ne pas tout simplement diminuer le nombre de PN ? En effet, cette solution est la plus logique et deux options existent. La première est de fermer la route ou de créer une déviation vers un ouvrage de franchissement existant. Cette option n’est pas très onéreuse, mais est, la plupart du temps, soumise à une forte opposition locale, les utilisateurs ne voulant pas changer leurs habitudes. La deuxième option est la construction d’un ouvrage dénivelé (pont ou souterrain). Ce choix reste cependant très cher pour les collectivités territoriales (plus de 10 millions d’euros) et est long à mettre en place (environ 6 ans). Afin d’encourager la suppression de PN, des aides au financement sont proposées par SNCF Réseau et l’Etat. Pour un PN identifié comme dangereux, l’Etat et SNCF Réseau se partagent 50% de la facture. Si le PN n’est pas classé, SNCF Réseau peut allouer une enveloppe allant jusqu’à 200 000 euros.

Construction d’un pont ferroviaire au PN de Limay (78)

Des politiques de sensibilisation

La première cause d’accident sur un PN, n’est pas le dysfonctionnement de la Signalisation Automatique Lumineuse (SAL) ou de l’abaissement des barrières. Il s’agit du comportement de chacun. Selon SNCF Réseau, 98% des accidents sont provoqués par une infraction au code de la route. Ainsi, chaque année, depuis maintenant neuf ans, une journée nationale de sécurité routière aux passages à niveau est organisée. En octobre 2016, cette journée s’est accompagné d’une campagne de communication, diffusée au cinéma, sur les réseaux sociaux et à la radio.

Il existe également une journée nationale, organisée par l’UIC.

Un programme de sécurisation nationale des passages à niveau

Les années 1970 marquent le début de la prise de conscience de la dangerosité des PN et de la nécessité de réduire leur nombre. Cependant, il faut attendre 1997 et l’accident de Port-Sainte-Foy, pour qu’un premier programme de sécurisation national soit lancé. Il identifie 437 PN dits « préoccupants », à sécuriser ou à supprimer.

En juin 2008, une collision entre un autocar scolaire et un TER, tue sept collégiens et en blesse vingt-cinq. Quelques semaines après le drame, Dominique Bussereau, alors secrétaire d’Etat aux Transports, annonce un nouveau plan de suppression et de sécurisation. Ce plan prévoit vingt mesures, afin de diminuer les PN préoccupants et interdit la création de nouveaux PN. En 2013, un troisième programme de sécurisation est lancé par F. Cuvillier. Sur les 437 PN inscrits au programme de sécurisation nationale en 1997, il en reste encore 152 aujourd’hui.

Si la suppression d’un PN est une solution efficace, elle n’est pas toujours la plus efficiente. Par manque de moyens ou pour des PN peut fréquentés, l’alternative de la sécurisation peut être préférée, par rapport à la suppression. Depuis 2008, une inspection annuelle est obligatoire pour tous les PN dont les trains roulent à plus de 40 km/h. Ces inspections permettent de mettre en évidence des dysfonctionnements éventuels concernant le déclenchement de la signalisation, l’abaissement des barrières, les feux…

L’IoT au service de la sécurité ?

De plus, depuis maintenant plusieurs années, plus de 80 radars de franchissement ont été installés. Mais SNCF réseau a décidé d’aller plus loin. En 2016, sept projets de détecteurs d’obstacles ont été lancés. Ce dispositif permet de prévenir le conducteur de train en cas de voiture arrêté sur le PN. SNCF Réseau a annoncé que les résultats de ces essais seront remis dans le courant de l’année 2017.

Aujourd’hui, d’autres pistes peuvent apparaître comme des solutions pour le monitoring des PN et l’amélioration de la sécurité, même si le zéro accident n’est pas encore envisageable. L’IoT, qui suscite un grand intérêt de la part des entreprises ferroviaires, constitue un candidat sérieux, mais n’a pas encore fait ses preuves.

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