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BOOM DES MICROMOBILITES EN PERIODE DE GREVE : QUELS ENSEIGNEMENTS ?

Le 5 février dernier, Fluctuo, start-up française spécialisée dans la collecte et l’analyse des données provenant des services de mobilité partagée, a organisé une rencontre à Station F. Elle regroupait des acteurs des nouvelles mobilités (vélos en station, trottinettes), de calcul d’itinéraire ainsi que des opérateurs traditionnels du transport.

L’objectif était d’échanger autour de l’évolution de l’offre et de la demande avant, pendant et après le mouvement social des mois de décembre et janvier derniers. L’événement a également été l’occasion de partager les diverses pratiques autour de l’anticipation de cet épisode de hausse de la demande et de l’utilisation des véhicules ainsi que les enseignements qui ont pu être tirés.

Une anticipation de la part de tous les acteurs

« Quelques jours avant le déclenchement de la grève nous avons observé un pic de téléchargement de notre application » explique Antoine Laporte, directeur développement de Geovelo, un calculateur d’itinéraires à vélo. D’après lui, tout le monde a pu se préparer (vendeurs de vélo, services en free floating) puisque l’information a été largement diffusée en amont, ce que confirme Caroline Dupuy, Directrice marketing du groupe RATP. L’information a été transmise à travers « des publications sur les réseaux sociaux et la création d’une page exclusive et actualisée régulièrement ».

Parallèlement à la communication et à l’information aux usagers en amont des grèves, la régie a lancé un appel à candidature pour des partenariats afin de les aider à anticiper leurs déplacements et à adopter des solutions alternatives. Plus d’une trentaine de partenaires parmi des services vélos, VTC (voiture avec chauffeur), trottinettes ainsi que des espaces de coworking ont répondu présent. « Nous avons montré que nous ne sommes pas que des acteurs du transport, mais aussi des acteurs de la ville », a affirmé Caroline Dupuy.

Une évolution de l’offre et de la demande

Une étude réalisée par Fluctuo montre que pendant la période de grève, plus de neuf millions de trajets en véhicules partagés ont été effectués, ce qui représente presque 30 millions de kilomètres parcourus et 13 millions d’euros de chiffre d’affaires pour les opérateurs. Sur ce total, presque 90 % sont des trajets en Vélib’ et trottinette.

Des évolutions dans la demande au fil du mouvement

Au démarrage de la grève, Fluctuo observe une augmentation du nombre de trajets quotidiens de 140 000 à 200 000. Pendant la suite du mouvement, la progression concerne surtout les Vélib’ et les trottinettes, puisque les vélos en libre-service et les scooters ont atteint leurs capacités maximales. Une baisse significative est observée lors des vacances de Noël, avant une reprise avec la rentrée scolaire et jusqu’à la fin du mouvement.

« Entre les 15 jours avant la grève et les 15 jours après nous observons une augmentation de 60 pourcents de la fréquentation pour les trottinettes électriques Dott dans à peu près les mêmes conditions de température et pluviométrie », explique Mathieu Faure, Directeur marketing de la start-up Dott, spécialisée dans les trottinettes électriques partagées et bientôt les vélos à assistance électrique.

Source : Fluctuo Mobility Intelligence (2020)

Cette étude a également révélé une expansion géographique des trajets en trottinettes en libre-service vers les portes de Paris alors qu’ils étaient auparavant concentrés dans le centre.

Source : Fluctuo Mobility Intelligence (2020)

La variation de l’offre au fil du mouvement

La logique inverse est constatée pour la disponibilité des véhicules, qui a été réduite tout au long de la grève. En effet, avec l’augmentation du nombre de kilomètres et de trajets parcourus, les besoins de chargement et de remplacement des batteries ont augmenté et la flotte s’est dispersée géographiquement. Arthur-Louis Jacquier, Directeur général de Lime, croit en la batterie amovible qu’il considère comme l’avenir de l’industrie de la micro-mobilité étant donné qu’elle permet une opération de recharge beaucoup plus rapide. Les responsables des opérations de maintenance appelés « Juicers » n’ont plus besoin de transporter les trottinettes jusqu’à leur lieu de recharge : ils peuvent tout simplement apporter une nouvelle batterie pleine et repartir avec la vide, en laissant les trottinettes où elles sont.

Par ailleurs, une autre action a été adoptée afin d’assurer la qualité des services rendus aux usagers et le respect des règles d’utilisation des véhicules et de circulation en ville : l’augmentation du nombre de personnes sur le terrain. Comme l’ont expliqué les interlocuteurs des différents opérateurs, le personnel en charge d’orienter les nouveaux abonnés, d’organiser les véhicules dispersés ainsi que d’accélérer la réparation et le chargement pour les modes électriques a été renforcé.

Les enjeux après la période de la grève

Des nouveaux utilisateurs

Après cette expérience, la question remontée par les opérateurs des mobilités partagées a été la suivante : comment continuer à être une solution de mobilité pour les trajets quotidiens, surtout pour le premier et dernier kilomètre, pour ces nouveaux utilisateurs ? Ils sont à peu près 120 000 pour Lime, 80 000 pour Vélib’ et plus de 50 000 pour Dott. Cela représente un enjeu important pour ces entreprises qui ont pu montrer la fiabilité de leurs services pendant la grève, mais qui doivent fidéliser ces nouveaux utilisateurs.

La régulation de la part de la Mairie de Paris 

Pour les services de trottinettes en libre-service, être présents pendant cette période en montrant leurs capacités à satisfaire leurs usagers et à s’intégrer dans la vie urbaine peut jouer un rôle crucial dans le récent appel d’offre de la Mairie de Paris qui vise à sélectionner les trois opérateurs autorisés à déployer leur service dans la ville.

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