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Le bus autonome, la nouvelle alternative prometteuse de la mobilité urbaine

À travers la Nouvelle France Industrielle, lancée en septembre 2013, le gouvernement français s’est donné comme objectif de « réussir la ré-industrialisation adressant de nouveaux besoins et de nouveaux marchés, en France comme à l’export ». Parmi ces solutions industrielles, la mobilité écologique inclut des expérimentations de véhicules autonomes sur route ouverte afin d’optimiser la mobilité urbaine tout en respectant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les véhicules autonomes ne se résument pas simplement aux voitures mais aussi aux transports en commun. On pense notamment au bus autonome qui connait ces derniers mois un essor dans certains pays à la pointe (États-Unis, UE et Chine).

L’Europe à l’avant-garde du bus autonome

 

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Minibus autonome Navya Arma

En Europe, le FP7 (7ème programme-cadre de recherche et de développement de l’UE) a lancé CityMobil2, un programme d’expérimentation de véhicules de transport autonomes qui a déjà mis en place plusieurs pilotes depuis sa création en septembre 2012. Ce programme, regroupant 45 partenaires, comprend plusieurs expérimentations dont 3 à grande échelle : dans la région ouest de Lausanne en Suisse, à Trikala en Grèce ainsi qu’à La Rochelle.

 

 

L’un de ces projets innovants a été présenté en avant-première du congrès international des systèmes de transport intelligents (ITS) qui se tenait en octobre à Bordeaux. Il s’agit du Navya Arma, un minibus autonome de 15 places vendu 160 000€. L’absence de conducteur fait baisser la facture de 30% selon la start-up lyonnaise : le gain est réalisé sur l’absence de salaire d’un conducteur. Le carnet de commande est déjà bien garni car 10 véhicules ont été vendus et le constructeur espère 100 commandes de plus l’année suivante.

 

Une batterie de capteurs pour remplacer le chauffeur

Comme la plupart des véhicules autonomes, l’engin est doté de nombreux capteurs répondant tous à un besoin précis. Le système s’articule autour de 3 modes de fonctionnement.

En premier lieu, les capteurs de perception permettent de situer le véhicule dans l’espace. Des LIDAR (Laser Detection And Ranging) mesurent les objets à distance en analysant les propriétés d’un faisceau lumineux renvoyé vers son émetteur. Des caméras de stéréovision viennent s’ajouter au système : grâce à des prises d’images sous plusieurs angles de vue, la mesure stéréoscopique détermine les dimensions, la forme ou la position des différents objets sur le parcours du minibus. Enfin on trouve des capteurs de géolocalisation, d’odométrie (mesure des distances parcourues), et d’inertie.

Le second groupe de capteur correspond à la navigation. Dans le cas du Navya Arma, le bus suivra un itinéraire pré-cartographié avec une précision au centimètre. L’appareil sera capable d’analyser et de prendre des décisions concernant les objets mouvants (piétons, autres véhicules), statiques (plots de travaux) ou les panneaux de signalisation comme les feux tricolores.

Enfin, si le véhicule fait face à une situation à laquelle il ne peut pas répondre seul, il appelle un centre de supervision au sein duquel un humain, sans prendre le contrôle du véhicule, pourra l’autoriser à outrepasser certaines règles comme franchir une ligne blanche afin d’éviter une zone de travaux.

Le minibus labellisé 100% électrique, autonome et français circulera dans un premier temps sur des sites fermés (campus, aéroport, hôpital, etc.) et pourra atteindre les 45 km/h pour une puissance de moteur électrique de 25 kW. Son autonomie de base peut s’étendre de 8h à 24h grâce à des batteries rechargeables par induction.

Comme illustré dans le tableau ci-dessous, des projets similaires sont ou ont été mis en place sur le reste du globe. Ils diffèrent de quelques caractéristiques mais la base technique est proche de l’exemple précédent :

Tableau Bench

Chaque véhicule cité dans ce tableau a sa particularité. Ainsi le bus Chinois de la Yutong Bus Company semble le plus prometteur car il opère en situation réelle et prend les mêmes décisions qu’un humain (changement de voie, dépassement, franchissement de feux tricolores). Le Taxicol quant à lui, bien qu’asservi au marquage au sol pour effectuer son trajet, peut être mis en place en remplacement d’un tramway, nécessitant des investissements urbains bien moindres par rapport à une ligne de tramway.

L’Homme : dernier obstacle avant la mise en service de masse

Finalement le principal obstacle à cette évolution n’est pas d’ordre technique mais humain : « ce type de véhicule devrait être dans un premier temps autorisé à rouler uniquement lorsque la circulation sera congestionnée, et d’ici à 2022-2023 sur voie rapide. Viendra ensuite la circulation en milieu urbain, mais là nous n’avons pas encore de date », comme l’évoquait Thierry Le Hay, responsable de l’innovation chez PSA Peugeot Citroën. En effet la plupart des pays dotés de ces engins ne sont pas encore prêts à les laisser voler de leurs propres ailes. La réglementation représente donc à l’heure actuelle le frein principal à la mise en service du bus autonome sur voie ouverte au public.

Un bouleversement qui va plus loin que la technologie

Sans évoquer les impacts socio-économiques qu’impliquerait cette révolution (redistribution des emplois non qualifiés en emplois hyper qualifiés, transformation des métiers de l’assurance, etc.), on est en droit de se questionner sur l’avenir des taxis, conducteurs de bus ou de transport de marchandises. Au-delà des bus autonomes, un véritable bouleversement des modes de transport est en marche. Uber annonçait en février un partenariat avec la Carnegie Mellon University de Pittsburgh aux États-Unis, pour un programme dont le but est « la cartographie et la technologie pour l’autonomie et la sécurité des véhicules ». Plus de 50 scientifiques sont sur le pont et non des moindres puisque parmi eux on en retrouve certains qui ont développé le pilotage autonome de Curiosity, le robot qui explore la planète Mars.

On parle ici clairement d’un potentiel développement de voitures sans conducteur afin de faire évoluer son service. Le transport de personnes dans sa globalité tend à vouloir supprimer peu à peu la conduite par l’humain.

 

[Dossier bus urbain]

 

Thomas Varlet

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